Témoignage d’une maman : "Mettre des détenus radicaux ensemble, c’est dangereux"

Mon fils est parti en Syrie et, bien que je sois de confession musulmane, je n’ai rien vu venir. Il ne pratiquait pas la religion. Avant de partir, il semblait bien vivre; il avait une petite amie.

A son retour, il était fatigué, malade, renfermé, il ne parlait pas beaucoup. Il n’a rien raconté. J’étais tellement heureuse de le revoir que je ne lui ai rien demandé jusqu’au jour où la police est venue chez moi à six heures du matin.

Il est incarcéré.

Dès son arrivée, il a été placé à l’isolement. Ensuite, il a été regroupé avec des djihadistes dans un autre bâtiment. Au contact de djihadistes dangereux, j’ai peur qu’il se fasse de nouveau embrigader. Ce regroupement n’est pas bon.

Je voyais mon fils avec l’envie de se repentir et de revenir à une vie « équilibrée ». Je l’ai vu récupérable au début de sa détention, il parlait de travailler, se projetait dans l’avenir.
Il a souhaité voir un psychologue pour bénéficier d’une prise en charge médico psychologique; AUCUNE REPONSE.

Depuis le regroupement avec les autres, il déprime. Il ne me dit pas tout, mais je comprends dans son regard. Son discours a changé. Il dit qu’il va pourrir en prison, qu’il n’y a plus d’espoir. Il voit l’injustice et l’humiliation, il dit être traité comme un chien, enfermé dans neuf mètres carrés, Il pense que nous sommes dan un pays des droits de l’homme, mais il ne le ressent pas comme tel.

Nos enfants ne sont pas nés comme çà, ils sont normaux au départ; tout ce qui arrive est une maladie, une épidémie qui peut toucher tout le monde, un enfant d’ouvrier comme celui d’un médecin.
Il faut alerter, trouver une solution. Mettre des malades ensemble crée un problème sanitaire et, çà peut devenir contagieux.

Il n’a droit à aucune activité. Il va seulement en promenade avec les autres.
Cela est terrible, il est influençable. Le fait qu’il soit parti en Syrie le prouve. Sans suivi, sans rien, il risque d’empirer.

Quand il a rencontré le juge, au début, il niait, puis il a commencé à raconter. J’ai compris qu’il voulait se repentir. Depuis le regroupement, tout s’est arrêté.

Je demande un suivi psychologique, mais rien! C’est essentiel pour juger le degré de radicalisation et réussir à éviter des enfermements. Le regroupement de ces jeunes en prison est contre productif et prépare des terroristes. Mon fils risque l’enrôlement; mais, s’il se sent aidé par la justice, il est récupérable.

J’assiste à des réunions de parents concernés. Nous parlons le même langage sans être jugés, c’est un grand soutien moral. Je ne suis nullement traitée comme la mère d’un « terroriste », mais plutôt comme UNE MAMAN VICTIME.